Après les "coeurs", le Canard... de l'Yvette

Publié le par MAbC

Petite explication préalable pour ceux qui ne sont pas de l'Ecole du Centre (Gif sur Yvette): le Canard de l'Yvette, c'est "LE" journal de l'école, depuis des années, vous le verrez dans l'article ci-après. En fait, "c'était"... à cause des 2h de moins par semaine. C'est pourquoi nous avons voulu, après "les coeurs", décorer le portail de l'école avec des articles du Canard...








« Petite » conséquence de « 2h de classe en moins » :

Le Canard de l’Yvette...
« le » journal de l’Ecole du Centre ne parait plus

Il n’est (n’était ?) pas tout jeune, notre Canard de l’Yvette... Pour preuve, en novembre-décembre 1998, il en était déjà à son 43ème numéro... et comme il était bi-mensuel à l’époque, on peut situer sa naissance au début des années 90. Quand on parle « Canard » à l’école du Centre, vous pouvez donc être certain que « de l’Yvette » n’est pas loin !

Dans sa jeunesse, il paraissait donc tous les deux mois. A chaque départ en vacances, les enfants rentraient, tout fiers, avec dans leur cartable un Canard « bien dodu », chaque classe ayant fait deux ou trois pages pour raconter un évènement un peu particulier survenu sur la période. Des choses aussi variées que la visite au SIOM ; l’arrivée dans la classe de deux « petits nouveaux », l’un venu des Etats-Unis, l’autre d’Algérie ; la classe de découverte à Chambord ou à Chamarande; les danses bretonnes, l’arrivée de l’euro ou la future entrée au collège. Toutes racontées par les enfants eux-mêmes avec leurs mots, souvent en textes, souvent aussi en poèmes, en devinettes, en charade, en mots croisés, en photos... Bref, la vie de l’école avec toute sa diversité et toute sa richesse qui entrait dans chaque famille et que les enfants étaient fiers de montrer pour la partie concernant leur classe et ravis de faire côté jeux. 

L’année 2003-2004, grand évènement, le Canard change de formule, il devient hebdomadaire. Le principe est le même, sauf que chaque semaine, est consacrée à une seule classe de l’école. Moins de lecture à chaque fois, mais plus souvent, le Canard fait désormais partie du quotidien de l’école et des familles.

 

Et puis cette année... pas de Canard de l’Yvette... plus de Canard de l’Yvette...

Avec la suppression des 2 heures de classe pour tous les enfants et les nouveaux programmes, plus lourds qu’avant, les enseignants doivent courir après le temps et ont dû « faire des choix ». Avec la meilleure volonté, et avec, nous n’en doutons pas une minute, autant de regrets que nous, parents, ils ont dû laisser le Canard... enfermé dans les placards. Parce qu’il y a les « savoirs fondamentaux » qui prennent presque toute la place. Une bonne chose que ces savoirs fondamentaux, c’est une évidence, presque un pléonasme, mais en même temps...

Posons-nous la question de savoir si toutes les choses que les enfants apprenaient en faisant le Canard n’étaient pas elles aussi « fondamentales » ? Laisser, dans le cadre du thème défini avec l’enseignant, place à l’imagination des enfants. Leur donner la possibilité, au delà de l’apprentissage de base de la langue française, de jouer avec les mots. Les laisser créer leurs propres poèmes. Leur donner l’occasion d’exprimer leurs idées. Leur montrer le plaisir qu’on peut avoir à écrire et à être lus. N’est-ce pas tout cela AUSSI « faire du français » ?

Heureusement, une partie de ces « trésors » perdure grâce au site de l’école qui part exactement du même esprit que le Canard. Mais en moins fréquent, et puis, le support papier... irremplaçable. Difficile d’accrocher au portail les articles du site de l’école !!!!

Au delà de la tristesse de ne plus voir le Canard dans les cartables de nos enfants, relions cela  à ce qui est en train de se passer en Angleterre, où la priorité aux savoirs fondamentaux avait été instaurée il y a quelques années, avec évaluations à l’appui et où ils sont en train de déchanter sur les citoyens nés de ces apprentissages restreints aux « fondamentaux »:

« Ed Balls, le secrétaire d'état aux écoles, est furieux. Au terme de la plus grande enquête menée sur l'école primaire, le professeur Robin Alexander a prononcé un verdict sans appel : "L'éducation, et dans une certaine mesure les vies (des jeunes anglais), sont appauvries s'ils reçoivent  une éducation aussi déficiente".

L'accusé dans cette affaire c'est le retour aux fondamentaux promu ces dernières années en Angleterre et fortement soutenu par les batteries de tests officiels, "l'éléphant dans le curriculum" pour le professeur Alexander. Si les jeunes Anglais ont obtenu de très bons scores dans les évaluations internationales (en maths par exemple) c'est en acceptant une éducation rétrécie à quelques sujets.

Obligés de travailler pour les tests dans un système scolaire marqué par la compétition entre écoles, les élèves passent des heures sur les matières évaluées (maths, anglais). Cela se fait au détriment des autres disciplines.

L'histoire, les sciences, la géographie, les arts ont été "expulsés" selon R. Alexander. Son rapport préconise donc de remodeler le curriculum en 12 points et 8 domaines, comprenant nommément ces dernières disciplines.

Il est particulièrement intéressant de voir qu'il fait entrer dans le nouveau curriculum, au-delà des disciplines, l'aptitude à travailler ensemble, l'épanouissement, la capacité à donner du sens aux enseignements, à explorer. Des compétences aussi indispensables que les fondamentaux. "

Une expérience grandeur nature qui donne envie de réfléchir sur ce qui est en train de se mettre en place en France, et qui risque d’avoir, n’en doutons pas, les mêmes conséquences.

Publié dans Action locale

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